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plan défini à l’avance, la seule conclusion que l’on en puisse tirer, c’est que ces descriptions ne sont pas justes.

La bataille de Taroutino n’atteignit évidemment pas le but que Toll avait en vue : introduire les troupes par ordre de disposition, et ne pouvait atteindre le but que pouvait avoir le comte Orlov : capturer Murat vivant, ou celui que pouvaient avoir Benigsen et autres : détruire tout le corps d’armée, ou le but d’un officier qui désirait participer à l’action et se distinguer, ou d’un Cosaque qui voulait s’emparer de plus de butin qu’il n’en avait, etc.

Mais si le but était ce qui fut réellement et ce qui était alors le désir de tous les Russes (l’expulsion des Français de la Russie et la destruction de leur armée), alors il est tout à fait clair que la bataille de Taroutino, précisément grâce à ces fautes, fut cette chose qui était nécessaire à ce moment de la campagne. Il est difficile et impossible d’imaginer une autre issue plus utile que celle de cette bataille : avec des dépenses minimes, avec la plus grande confusion, avec des pertes infimes, nous obtenions les plus grands résultats de toute la campagne. Du recul, nous passions à l’attaque, nous montrions la faiblesse des Français, nous donnions ce choc qu’attendait l’armée de Napoléon pour commencer à fuir.