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force était du côté des Russes. Malgré que la situation de l’armée française et sa force numérique fussent inconnues aux Russes, aussitôt que ces rapports changèrent, la nécessité de l’attaque s’exprima immédiatement. Les indices étaient : l’envoi de Lauriston, l’abondance des provisions à Taroutino, les renseignements qui venaient de tous côtés sur l’inaction et le désordre des Français, le renforcement de nos régiments par de nouvelles recrues, le beau temps, le repos prolongé des soldats russes et l’impatience, qui se montre ordinairement chez les troupes après le repos, d’accomplir la tâche pour laquelle ils étaient réunis, la curiosité de savoir ce qui se faisait dans l’armée française perdue de vue depuis longtemps, l’audace avec laquelle les avant-postes russes passaient devant les Français qui étaient près de Taroutino, les nouvelles de faciles victoires remportées sur les Français par les paysans et les partisans, l’envie provoquée par tout cela, le sentiment vindicatif qui était dans l’âme de chaque Russe pendant que les Français étaient à Moscou et, principalement, la conscience vague mais vive dans l’âme de chaque soldat « que les relations réciproques sont maintenant changées et que nous avons l’avantage ». Le rapport mutuel des forces était changé et l’attaque devenait nécessaire.

Comme l’horloge qui commence à battre et à jouer dès que l’aiguille a fait un tour complet, de