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sirant évidemment leur être agréable. Il a écrit que tu lui plais beaucoup, continua-t-il tranquillement, simplement, sans avoir l’air de comprendre toute l’importance de ces paroles pour des personnes vivantes. Si tu l’aimes aussi, ce serait bien… que vous vous mariassiez, ajouta-t-il un peu plus vite, l’air content des paroles longtemps cherchées qu’il avait enfin trouvées.

La princesse Marie écoutait ces paroles mais elles n’avaient pour elle aucune autre signification sauf de prouver qu’il était maintenant en dehors des vivants.

— Il n’y a pas à parler de moi ! fit-elle d’un ton tranquille en regardant Natacha. Celle-ci sentit le regard, mais ne broncha pas. De nouveau ils se turent.

— André, veux… veux-tu voir Nikolouchka, dit tout à coup, d’une voix tremblante, la princesse Marie.

Pour la première fois le prince André esquissa un sourire, mais la princesse Marie qui connaissait si bien chaque expression de son visage comprit avec horreur que ce n’était ni un sourire de joie, ni un sourire de tendresse pour son fils, mais un sourire de douce raillerie pour la princesse Marie qui, selon lui, employait le dernier moyen de l’amener à la sentimentalité.

— Oui, je serai bien content de voir Nikolouchka ; est-il bien portant ?