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devant elle, Nicolas, qui se réjouissait à regarder la ville, puis elle baissa la tête et ne la releva pas jusqu’à ce que la lourde voiture, avec fracas et en vacillant, s’arrêtât. La porte s’ouvrit avec bruit. À gauche, il y avait de l’eau, un grand fleuve ; à droite, le perron sur lequel se tenaient des domestiques et une jeune fille à la longue tresse noire, qui, sembla-t-il à la princesse Marie, avait un sourire feint et désagréable. (C’était Sonia.) La princesse gravit rapidement les marches, la jeune fille au sourire feint dit : « Par ici, par ici », et la princesse Marie se trouva dans l’antichambre devant une femme âgée, au type oriental, qui, l’air ému, marchait rapidement à sa rencontre. C’était la vieille comtesse. Elle enlaça la princesse Marie et l’embrassa.

Mon enfant, je vous aime et vous connais depuis longtemps, dit-elle.

Malgré son émotion la princesse Marie comprit que c’était la vieille comtesse et qu’il fallait lui dire quelque chose. Sans même s’en rendre compte elle prononçait des phrases polies, sur le même ton que celles qu’on lui adressait, puis elle demanda :

— Où est-il ?

— Le docteur dit qu’il n’y a pas de danger, repartit la comtesse ; mais pendant qu’elle disait cela, avec un soupir elle levait les yeux et dans ce mouvement était la contradiction à ses paroles.

— Où est-il ? Peut-on le voir ? Peut-on ? demanda la princesse.