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Durant tout son séjour à Voronèje, pour Nicolas tout fut gai et facile et, comme il arrive quand on est soi-même bien disposé, tout s’arrangea à merveille.

Le propriétaire chez qui arriva Nicolas était un vieux célibataire, un ancien cavalier, connaisseur de chevaux, chasseur, possesseur de vieille eau-de-vie centenaire, de vieux vin de Hongrie et de chevaux magnifiques.

En deux mots le marché se conclut. Nicolas acheta, pour six mille roubles, dix-sept chevaux trotteurs (comme il disait) puis, après avoir dîné et bu un peu trop de vin de Hongrie, il embrassa le propriétaire qu’il tutoyait déjà et se remit en route.

Nicolas était de très joyeuse humeur, il ne cessait de stimuler le cocher afin d’arriver à temps à la soirée du gouverneur.

Il s’habilla, se versa de l’eau fraîche sur la tête, se parfuma et, un peu en retard, mais avec une phrase toute prête : Mieux vaut tard que jamais, il arriva chez le gouverneur.

Ce n’était pas un bal, on n’avait pas dit qu’on danserait, mais tous savaient que Catherine Pétrovna jouerait au clavecin des valses et des écossaises et qu’on danserait. Tous, comptant là-dessus, étaient en costume de bal.

La vie de province était en 1812 ce qu’elle était toujours, seulement avec cette différence que la