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pas mis depuis longtemps, il alla se présenter aux autorités.

Le chef de la milice était un civil ayant le grade de général, un homme âgé qui s’amusait visiblement de ses occupations militaires et de son grade. Il reçut Nicolas avec colère (il pensait qu’en cela était la principale qualité militaire) et, avec importance, comme s’il en avait le droit, il jugea la marche générale des affaires, l’interrogea en l’approuvant et la désapprouvant. Nicolas était si gai que cela lui parut seulement amusant.

Après le chef de la milice, il alla voir le gouverneur de la province. Le gouverneur était un homme petit, très remuant, très bon et très simple.

Il indiqua à Nicolas les haras où il pourrait trouver son affaire, lui recommanda un maquignon de la ville, et, à vingt verstes de la ville, un propriétaire rural qui avait les meilleurs chevaux, et lui promit tout son appui.

— Vous êtes le fils du comte Ilia Andréiévitch ? Ma femme était une grande amie de votre mère. On se réunit chez moi chaque jeudi, c’est aujourd’hui jeudi, je vous prie de venir tout simplement, sans cérémonie, dit le gouverneur en lui donnant congé.

En sortant de chez le gouverneur, Nicolas prit une voiture de poste et, faisant asseoir près de lui le maréchal des logis, il partit à vingt verstes, au haras du propriétaire.