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la captivité de Napoléon lui-même, de son détrônement, de l’élection d’un nouveau chef des Français.

Loin de l’action et parmi les conditions de la vie de la cour, il était difficile que les événements se présentassent dans toute leur simplicité et dans toute leur force. Involontairement, les conversations générales se concentraient autour d’un cas particulier quelconque. Ainsi, maintenant, le plaisir principal des courtisans était autant dans ce fait que nous avions vaincu, que dans cette circonstance de l’arrivée de la nouvelle précisément le jour anniversaire de l’empereur. C’était comme une surprise bien réussie. Dans le rapport de Koutouzov on parlait bien aussi des pertes russes : Toutchkov, Bagration, Koutaïssov étaient tués. Le côté triste de l’événement, ici, dans le monde pétersbourgeois, s’arrêtait involontairement à la mort seule de Koutaïssov. Tout le monde le connaissait, l’empereur l’aimait, il était jeune et intéressant.

Ce jour-là, tous disaient en se rencontrant :

— Comme c’est étonnant ! Juste pendant le service d’actions de grâces. Et quelle perte !… Koutaïssov ! Ah ! quel dommage !

— Que vous disais-je de Koutouzov, disait maintenant le prince Vassili avec l’orgueil du prophète. J’ai toujours dit que lui seul était capable de vaincre Napoléon.

Mais le lendemain il n’y avait pas de nouvelles