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XXVIII

Pierre, qui avait décidé qu’avant la réalisation de son projet il ne devait faire connaître ni son titre ni sa connaissance de la langue française, était dans la porte entr’ouverte du couloir, résolu à se cacher dès qu’apparaîtraient les Français. Mais les Français entrèrent et Pierre ne s’éloigna pas de la porte : une curiosité invincible le retenait.

Ils étaient deux : un officier, un homme grand, martial et beau, l’autre, évidemment un soldat ou un brosseur, un homme trapu, maigre, bruni, les joues creuses, l’air stupide. L’officier, qui s’appuyait sur un bâton et boitait, passait devant. Après avoir fait quelques pas, comme s’il décidait en soi-même que ce logement était bon, il s’arrêta, se tourna vers le soldat qui se trouvait dans la porte et, d’une voix haute de chef, lui cria de faire entrer les chevaux.

Cela fait, l’officier, d’un geste brave, levant haut