Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XXII

Mais l’intérieur de la ville était vide. Dans les rues il n’y avait presque plus personne. Les portes cochères et les boutiques, tout était fermé. Par ci par là, près des débits, on entendait des cris isolés, ou des chants d’ivrognes. Dans les rues, personne ne circulait en voiture, les piétons étaient rares. Rue Povarskaia, tout était calme et désert. Dans l’immense cour de la maison des Rostov, on voyait des restes de foin, du crottin de cheval, mais pas un seul homme. Dans la maison des Rostov, où étaient restés tous les biens, il y avait deux hommes dans le grand salon : le portier Ignate et le petit garçon de course Michka, le petit-fils de Vassilitch, qui restait à Moscou avec son grand-père. Michka avait ouvert le clavecin et jouait d’un doigt. Le portier, les mains sur les hanches, debout devant la haute glace, souriait joyeusement.

— En voilà bien ! Hein, oncle Ignate ? disait le