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il se passe absolument la même chose. Le mouvement de l’humanité, produit d’une quantité innombrable de volontés humaines, se fait sans interruption.

La compréhension des lois de ce mouvement est le but de l’histoire. Mais pour comprendre les lois du mouvement continu, résultante de toutes les volitions des hommes, la raison humaine admet des unités arbitraires séparées. Le premier procédé historique consiste à prendre arbitrairement une tranche des événements ininterrompus et à l’examiner séparément des autres, alors qu’il n’y a pas et qu’il ne peut y avoir de commencement à aucun événement et que toujours un événement découle d’un autre. Le second procédé consiste à examiner les actes d’un homme, empereur ou capitaine, comme la résultante des volitions des hommes tandis que cette résultante ne s’exprime jamais dans l’activité d’un personnage historique pris isolément.

La science historique, en évoluant, accepte toujours des unités de plus en plus petites pour ses recherches et, par cela, elle tâche à se rapprocher de la vérité. Mais quelque petites que soient les unités qu’emploie l’histoire, le fait de séparer les unités, d’admettre le commencement d’un phénomène quelconque, de voir s’exprimer dans l’activité d’un seul personnage les volitions de tous les hommes, ce fait l’entache d’erreur.

Sous le moindre effort de la critique, chaque con-