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dans la première ligne, et ne s’était enfui qu’à grand’peine, dans la débandade générale.

Le raisonnement des gens de ce parti avait le mérite et le défaut de la franchise. Ils avaient peur de Napoléon ; ils voyaient en lui la force, en eux la faiblesse et le disaient nettement. Ils disaient : « Sauf la honte, la douleur et la défaite, il ne sortira rien de tout cela ! Nous avons quitté Vilna, Vitebsk, nous quitterons aussi Drissa ; la seule chose intelligente qui nous reste à faire c’est de conclure la paix le plus vite possible pendant qu’on ne nous a pas encore chassés de Pétersbourg ! »

Cette opinion, très répandue dans les hautes sphères de l’armée, trouvait un appui à Pétersbourg et dans la personne du chancelier Roumiantzev qui, par d’autres considérations d’État, était aussi pour la paix.

Les cinquièmes étaient partisans de Barclay de Tolly, moins en tant qu’homme que comme ministre de la guerre et commandant en chef. Ils disaient : « Quel qu’il soit (on commençait toujours par cette phrase) c’est un homme honnête et sérieux, il n’y a pas mieux que lui. Donnez-lui plein pouvoir, car la guerre ne peut marcher avec succès sans l’unité de commandement, et il montrera ce qu’il peut faire, comme il l’a montré en Finlande. Si notre armée est bien organisée et forte, si elle a reculé jusqu’à Drissa sans aucune perte, nous le devons à Barclay. Si on le remplace maintenant par