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et non de commander des troupes. Pourquoi a-t-il pris sur lui une telle responsabilité ?

Napoléon prit de nouveau sa tabatière, fit quelques pas en silence, et tout à coup s’approcha de Balachov, puis, avec un léger sourire, avec assurance, rapidement et tout simplement, comme si ce qu’il faisait était non seulement important mais agréable pour Balachov, — il approcha sa main du visage du général russe, un homme de quarante ans, et lui tira un peu l’oreille, en souriant seulement des lèvres.

Avoir l’oreille tirée par l’empereur, était considéré à la cour française, comme un honneur et une faveur considérable.

Eh bien ! Vous ne dites rien, admirateur et courtisan de l’empereur Alexandre ? dit-il comme s’il était bizarre d’être en sa présence admirateur et courtisan de quelqu’autre que lui, Napoléon. Les chevaux du général sont-ils prêts ? ajouta-t-il en inclinant un peu la tête en réponse au salut de Balachov.

— Donnez-lui les miens. Il a loin à aller

La lettre apportée par Balachov était la dernière lettre de Napoléon à Alexandre. Tous les détails de la conversation étaient transmis à l’empereur russe, et la guerre commença.