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XXXV

Koutouzov était assis, sa tête blanche baissée, son lourd corps affaissé sur un banc recouvert de tapis, à ce même endroit où Pierre l’avait vu le matin. Il ne donnait aucun ordre, se contentant de consentir ou non à ce qu’on lui proposait.

— Oui, oui, faites cela, répondait-il à diverses propositions. Oui, va, mon cher, disait-il tantôt à l’un, tantôt à l’autre de ses subalternes ; ou : Non, il ne faut pas, mieux vaut attaquer.

Il écoutait les rapports qu’on lui faisait, donnait des ordres, quand ses subordonnés lui en demandaient, mais quand il écoutait leurs rapports, il semblait ne pas s’intéresser au sens des mots qu’on lui disait, mais à quelque chose dans l’expression du visage, dans le ton de ceux qui parlaient. Il savait par sa longue expérience militaire, et il comprenait par son jugement d’homme âgé, qu’un