Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/381

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mouvement machinal, de la main toucha jusqu’au sol, et, en soupirant profondément, inclina sa tête blanche. Benigsen et la suite venaient derrière Koutouzov. Malgré la présence du commandant en chef qui attirait toute l’attention des officiers supérieurs, les soldats et les miliciens continuaient à prier sans le regarder.

Quand le service fut terminé, Koutouzov s’approcha de l’icone, s’agenouilla lourdement en saluant bas, et eut beaucoup de peine à se relever, à cause de son obésité et de sa faiblesse : sa tête blanche se contractait sous les efforts ; enfin il se leva et, avec une expression enfantine et naïve, il vint baiser l’icone, et de nouveau, salua en touchant le sol avec la main. Les généraux suivirent son exemple, ensuite les officiers, et, après eux, en se poussant l’un l’autre, essoufflés et se heurtant, le visage ému, ce fut le tour des soldats et des miliciens.