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peuple, en un mot Moscou. On veut finir en un coup ! dit avec un sourire triste, en s’adressant à Pierre, le soldat qui était au fond du chariot.

Malgré l’obscurité des paroles du soldat, Pierre comprit tout ce qu’il voulait dire et hocha approbativement la tête.

La route redevint libre. Pierre descendit sous la montagne et partit plus loin.

Pierre alla regarder les deux côtés de la route, cherchant un visage connu, mais partout ce n’étaient que des visages inconnus, des militaires de divers régiments qui regardaient avec étonnement son bonnet blanc et son habit vert. Après avoir parcouru quatre verstes, il rencontra enfin une connaissance et, avec joie, l’interpella. C’était un des médecins en chef de l’armée. Il était en cabriolet ; il allait en sens inverse de Pierre ; près de lui était un jeune médecin. En reconnaissant Pierre, il fit arrêter son cosaque qui était assis sur le siège à la place du cocher.

— Comte ! Votre Excellence ! Comment êtes-vous ici ? demanda le docteur.

— Voilà, j’ai voulu voir…

— Oui, oui, il y aura de quoi voir.

Pierre descendit et se mit à parler au docteur en lui expliquant son intention de participer à la bataille.

Le docteur lui conseilla de s’adresser directement au sérénissime.