Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

siennes, était mauvaise, plus c’était agréable à Pierre et plus la catastrophe qu’il attendait lui semblait imminente.

Déjà presque toutes les connaissances de Pierre avaient quitté la ville. Julie était partie, la princesse Marie aussi. Parmi ses connaissances intimes il ne restait plus que les Rostov, mais Pierre n’allait pas chez eux.

Ce jour-là, Pierre, pour se distraire, alla au village Vorontzovo pour voir un grand ballon construit par Leppich pour la perte de l’ennemi et un ballon d’expérience qui devait être lancé le lendemain.

Ce ballon n’était pas encore prêt, mais Pierre apprit qu’il se construisait selon le désir de l’empereur. Le comte Rostopchine avait reçu d’Alexandre, à ce sujet, la lettre suivante :

« Aussitôt que Leppich sera prêt, composez-lui un équipage, pour sa nacelle, d’hommes sûrs et intelligents et dépêchez un courrier au général Koutouzov pour l’en prévenir. Je l’ai instruit de la chose.

» Recommandez, je vous prie, à Leppich d’être bien attentif sur l’endroit où il descendra la première fois, pour ne pas se tromper et ne pas tomber dans les mains de l’ennemi. Il est indispensable qu’il combine ses mouvements avec le général en chef. »

En revenant de Vorontzovo, pour rentrer chez lui, Pierre traversa la place Bolotnaïa et il aperçut