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prenait toujours avec la princesse, pour cacher la confusion que lui causait son rôle de bienfaiteur envers elle.

— Oui, c’est bien… C’est un joli bien-être ! Aujourd’hui Varvara Ivanovna m’a raconté comment nos troupes se distinguent. En effet, il n’y a pas de quoi être fier. Et le peuple se révolte tout à fait, cesse d’obéir ; jusqu’à ma servante qui se montre grossière avec moi. De ce pas, bientôt on commencera à nous battre, et le pire, c’est que d’un jour à l’autre les Français seront ici. Qu’attendez-vous donc ? Je vous demande une seule chose, mon cousin, donnez l’ordre de me conduire à Pétersbourg. Telle que je suis, je ne pourrais vivre sous la domination de Bonaparte.

— Mais calmez-vous, ma cousine. Où prenez-vous vos renseignements ? Au contraire…

— Je ne me soumettrai pas à votre Napoléon. Les autres font comme ils veulent… Si vous ne voulez pas…

— Mais je le ferai, je donnerai des ordres à l’instant.

La princesse semblait visiblement dépitée de ne savoir qui gronder. Elle s’assit sur une chaise tout en marmonnant quelque chose.

— Mais on ne vous a pas bien renseignée, dit Pierre. Dans la ville tout est calme et il n’y a aucun danger. Voilà, je viens de lire… Pierre montra les affiches à la princesse.