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jamais ordonné de partir, observa la princesse Marie. Appelle Drone.

Drone vint confirmer les paroles de Douniacha : les paysans étaient venus sur l’ordre de la princesse.

— Mais je ne les ai pas fait appeler ; tu leur as probablement mal transmis mes paroles. Je t’ai dit seulement de leur distribuer du blé.

Drone soupira et ne dit mot.

— Si vous l’ordonnez ils s’en iront, fit-il.

— Non, non, j’irai les trouver.

Malgré les supplications de Douniacha et de la vieille bonne, la princesse Marie sortit sur le perron. Drone, Douniacha, la vieille bonne et Mikhaïl Ivanitch la suivirent.

— « Ils pensent sans doute que je leur offre le blé pour qu’ils restent ici, tandis que je partirai en les laissant à la merci des Français. Je leur promettrai du travail dans notre domaine, près de Moscou, le logement. Je suis convaincue qu’André, à ma place, ferait encore plus, » pensait-elle pendant que dans le crépuscule, elle s’approchait de la foule qui se tenait près de la grange. La foule se serra, s’agita ; les têtes se découvrirent rapidement. La princesse Marie, les yeux baissés et en s’empêtrant les pieds dans sa robe, s’approcha très près d’eux. Tant d’yeux jeunes et vieux étaient fixés sur elle, il y avait tant de visages divers que la princesse Marie ne vit personne, et, en sentant la