Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IX

Bogoutcharovo était, avant l’installation du prince André, un domaine délaissé par son maître, et les paysans de ce village avaient un tout autre caractère que ceux de Lissia-Gorï. Ils se distinguaient d’eux par leur parler, leurs vêtements, leurs mœurs.

Ils s’appelaient les paysans des steppes. Le vieux prince les louait pour leur assiduité au travail quand ils venaient à Lissia-Gorï aider pour les récoltes, ou creuser des étangs et des fossés, mais il ne les aimait pas à cause de leur sauvagerie.

Le dernier séjour du prince André à Bogoutcharovo, malgré ses innovations — hôpitaux, écoles, réduction des redevances — n’avait pas adouci leurs mœurs, mais, au contraire, avait accentué ce trait de caractère que le vieux prince appelait de la sauvagerie.

Parmi eux toujours circulaient des bruits vagues,