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VII

Pendant qu’il en était ainsi à Pétersbourg, les Français avaient déjà dépassé Smolensk et s’approchaient de plus en plus de Moscou. L’historien de Napoléon, Thiers, de même que les autres historiens de Napoléon, dit, en tâchant de réhabiliter son héros, que Napoléon était attiré sous les murs de Moscou, malgré lui. Il a raison, comme ont raison tous les historiens qui cherchent l’explication des événements historiques dans la volonté d’un seul homme. Il a raison comme les historiens russes qui affirment que Napoléon était attiré à Moscou par l’habileté des capitaines russes. Ici, outre la loi de rétrospectivité qui représente tout le passé comme une série de préparatifs pour un fait qui a eu lieu, il y a encore la réciprocité, qui embrouille toute l’affaire. Un bon joueur qui a perdu aux échecs est franchement convaincu que sa perte est causée par sa faute, et il la cherche dans le début de son