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occupé par l’ennemi ; partez sur le champ à Moscou. Fais-moi savoir immédiatement quand vous partez en m’envoyant un exprès à Ousviage. »

Après avoir remis la feuille à Alpatitch, il lui dit de vive voix quels préparatifs il fallait faire pour le départ du prince, de la princesse, et du fils avec son précepteur, et comment et où il fallait lui répondre immédiatement. Il n’avait pas le temps d’achever ces ordres qu’un des chefs de l’état-major, à cheval, accompagné de sa suite, accourait vers lui.

— Vous, colonel ? cria le chef d’état-major, avec un accent allemand et une voix que le prince André connaissait. En votre présence on brûle des maisons et vous restez ainsi ? Que signifie cela ? Vous serez responsable ! cria Berg qui était maintenant l’aide du chef d’état-major du flanc gauche d’infanterie de la première armée, position très agréable et en vue, comme il disait.

Le prince André le regarda et, sans lui répondre, continua en s’adressant à Alpatitch :

— Alors, tu diras que j’attends la réponse jusqu’au 10, et si le 10 je ne reçois pas la nouvelle que tous sont partis, je devrai moi-même quitter tout et aller à Lissia-Gorï.

— Je dis cela, prince, dit Berg en reconnaissant le prince André, parce que je dois remplir les ordres, parce que je remplis toujours exactement… Excusez-moi, je vous prie…