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fichu tombant de la tête, qui s’échappait de la porte et courait par l’escalier dans la cour. Férapontov la suivait. En apercevant Alpatitch il rajusta son gilet, ses cheveux, bâilla et entra derrière Alpatitch dans la chambre.

— Est-ce que tu veux déjà partir ? demanda-t-il.

Sans répondre à sa question et sans le regarder, Alpatitch, tout en vérifiant ses achats, demanda combien il devait pour le logement.

— Nous aurons le temps de faire le compte ! Quoi ! as-tu été chez le gouverneur ! demanda Férapontov, quelle résolution ?

Alpatitch répondit que le gouverneur ne lui avait rien dit de positif.

— Pouvons-nous partir avec notre ménage, dit Férapontov : jusqu’à Dorogobouge, on demande sept roubles par chariot. Moi, je dis qu’ils ne sont pas des chrétiens ! Selivanov, lui, a réussi jeudi à vendre sa farine à l’armée, neuf roubles le sac… Eh bien, prendrez-vous du thé ? ajouta-t-il.

Pendant qu’on attelait, Alpatitch et Férapontov burent le thé et causèrent du prix du blé, de la disette, du beau temps pour les moissons.

— Cependant la canonnade commence à se calmer, dit Férapontov en se levant après avoir bu trois verres de thé. Probablement que nous les avons vaincus. On a dit qu’on ne les laisserait pas… voilà ce que c’est que la force… On a raconté que, dernièrement, Matthieu Ivanitch Platov les a pour-