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chait la bataille, que ses maréchaux lui conseillaient de s’arrêter à Smolensk, et d’autres motifs, qui prouvent qu’on pressentait alors tout le danger de cette campagne. De leur côté, les auteurs russes aiment encore plus à dire que depuis le commencement de la campagne il existait un plan de guerre scythe : attirer Napoléon dans les profondeurs de la Russie, et ils attribuent ce plan, les uns à Pfull, les autres à un Français quelconque, d’autres à Toll, d’autres enfin à l’empereur Alexandre lui-même, en désignant les notes, les projets et les lettres dans lesquels, en effet, se trouvent des allusion à cette façon de mener la campagne. Mais toutes ces allusions à la prévision de ce qui se produisit du côté des Français ainsi que du côté des Russes sont émises maintenant parce que l’événement les a justifiées. Si l’événement ne s’était pas réalisé, ces allusions seraient oubliées, comme le sont maintenant des milliers d’allusions et d’hypothèses contradictoires qui étaient à la mode alors, mais qui n’ont pas été justifiées. Il y a toujours tant de suppositions sur l’issue de chaque événement qu’il se trouve toujours des gens pour dire : « J’ai dit, bien avant, que ce serait ainsi », et ils oublient tout à fait qu’au nombre des suppositions innombrables, il y en avait de tout à fait contraires.

La supposition que, d’une part, Napoléon connaissait le danger de l’allongement de la ligne, et,