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mademoiselle Rostov, l’antéchrist, l’invasion de Napoléon, la comète, 666, l’empereur Napoléon et l’Russe Besuhof, tout cela ensemble devait mûrir, éclater et le tirer de ce cercle des habitudes moscovites dans lequel il se sentait prisonnier, et l’amener à un bel acte et au grand bonheur.




Pierre, la veille de ce dimanche où on lut la prière, avait promis aux Rostov de leur apporter de chez le comte Rostoptchine, avec qui il était en bonnes relations, l’appel à la Russie et les dernières nouvelles de l’armée.

Le matin, Pierre trouva chez le comte Rostoptchine le courrier envoyé de l’armée. C’était une connaissance de Pierre, un des danseurs des bals de Moscou.

— Au nom de Dieu, ne pouvez-vous pas m’aider, lui dit le courrier, j’ai une sacoche pleine de lettres pour des parents.

Parmi ces lettres il y en avait une de Nicolas Rostov à son père. Pierre la prit ; en outre le comte Rostoptchine remit à Pierre l’appel de l’empereur au peuple de Moscou, le dernier ordre publié pour l’armée et sa dernière proclamation. En parcourant les ordres pour l’armée, Pierre trouva dans l’un d’eux, parmi les informations sur les morts, les blessés, les décorés, le nom de Nicolas Rostov décoré de la croix de Saint-Georges du 4e degré pour