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mêlée qui échangeaient gaîment des coups avec l’ennemi.

Rostov se réjouissait à ces sons, qu’il n’avait pas entendus depuis longtemps, comme à ceux de la musique la plus gaie. Ta ta ra ta ta… plusieurs coups éclataient, tantôt simultanément, tantôt l’un après l’autre. De nouveau tout se taisait et, de nouveau, on aurait dit l’éclat de pétards sur lesquels on marche.

Les hussards restèrent près d’une heure sur la même place. La canonnade commençait. Le comte Osterman passa avec sa suite derrière l’escadron, parla au commandant du régiment et alla sur la colline, vers les canons.

Après le départ d’Osterman, on commanda aux uhlans : — En colonne ! À l’attaque !

L’infanterie se coupa pour laisser passer la cavalerie. Les uhlans, retenant leurs piques vacillantes, descendirent au trot la colline, contre la cavalerie française qui se montrait à gauche.

Dès que les uhlans furent descendus, les hussards reçurent l’ordre de s’approcher de la colline pour couvrir la batterie. Pendant que les hussards se mettaient à la place des uhlans, des balles lointaines volaient en sifflant mais sans atteindre la ligne.

Ce son que Rostov n’avait pas entendu depuis longtemps le rendait joyeux et énergique encore plus que celui de la canonnade. En se dressant,