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tion. Crois qu’aussitôt après la guerre, si je suis vivant et toujours aimé de toi, je quitterai tout et accourrai près de toi pour te serrer pour toujours sur ma poitrine chaleureuse. »

En effet seul le commencement de la guerre retenait Rostov et l’empêchait de venir épouser Sonia comme il le lui avait promis.

L’automne à Otradnoié avec les chasses, l’hiver, avec les fêtes de Noël et l’amour de Sonia lui ouvraient la perspective des joies douces d’un gentilhomme et d’un calme qu’il ne connaissait pas autrefois et qui, maintenant, l’attirait.

« Une femme douce, des enfants, une bonne meute de chiens courants et dix ou douze laisses de lévriers, l’exploitation, les voisins, le service dans les fonctions électives ! » pensait-il.

Mais maintenant c’était la guerre et il fallait rester au régiment. Et puisqu’il le fallait, Nicolas Rostov, par son caractère, était content de la vie qu’il menait au régiment et savait se la rendre agréable.

De retour de congé, rencontré avec joie par ses camarades, Nicolas était envoyé à la remonte en petite Russie et il en ramenait de magnifiques chevaux qui le réjouissaient et lui valurent la louange des chefs. En son absence il était promu capitaine et quand le régiment fut mis en état militaire avec le nombre augmenté, il reçut de nouveau son ancien escadron.