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par hasard et par l’effet d’un caprice passager de l’esprit humain qu’on voit apparaître de tous côtés des doctrines singulières qui portent des noms divers, mais qui toutes ont pour principal caractère la négation du droit de propriété ; qui toutes, du moins, tendent à limiter, à amoindrir, à énerver son exercice ? Qui ne reconnaît là le symptôme de cette vieille maladie démocratique du temps dont peut-être la crise approche ?

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(Ici j’analyse sommairement les différents systèmes que je viens d’indiquer : celui d’Owen, de Saint-Simon, de Fourier, les idées répandues dans les ouvrages de Louis Blanc, dans divers romans, et jusque dans les pages volantes qui remplissent les feuilletons des journaux… )

C’est à tort que l’on traite légèrement de telles rêveries. Si les livres de ces novateurs sont souvent écrits dans une langue barbare ou ridicule ; si les procédés qu’ils indiquent paraissent inapplicables, la tendance commune qu’ils montrent dans l’esprit de leurs auteurs et dans celui de leurs lecteurs est très-redoutable, et mérite d’attirer l’attention la plus sérieuse.

Arrivant à ce qui est à faire dans la situation présente, il nous reste à indiquer les mesures législatives que cette situation provoque, et dont l’objet peut se résumer dans les deux points suivants :

1o Étendre peu à peu le cercle des droits politiques, de manière à dépasser les limites de la classe moyenne, afin de rendre la vie publique plus variée, plus féconde,