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commissions chargées de cette surveillance, des hommes déjà revêtus, à d’autres titres, de la confiance du pays[1]. On disait enfin :

Une vérité sur laquelle tous les hommes de théorie et de pratiqua sont d’accord, c’est que le système pénitentiaire ne peut produire les heureux effets qu’on est en droit d’en attendre, que si l’administration proprement dite parvient à faire naitre en dehors d’elle l’intérêt des populations, à s’assurer le concours libre d’un certain nombre de citoyens. Le meilleur moyen d’y parvenir n’est-il pas d’attirer et de retenir dans les commissions de surveillance les hommes les plus considérables de la localité ?

À ces raisons on répondait qu’en effet il était nécessaire d’appeler dans les commissions de surveillance les citoyens les plus éminents de chaque localité ; qu’à ce titre, ainsi que l’avait reconnu sans hésitation M. le ministre de l’intérieur, il était naturel que des membres du conseil-général et du conseil d’administration fissent partie de ces commissions ; que la seule question était de savoir si la loi elle-même les y appellerait, ou si on laisserait ce soin à l’ordonnance dont parle l’article 2. La composition des commissions pour la surveillance doit naturellement varier suivant les lieux, le nombre des prisons à visiter, leur importance : toutes circonstances que la

  1. Quand les Anglais ont établi la grande prison cellulaire de Pentonville, ils n’en ont pas abandonné la direction au gouvernement seul ; celui-ci est assisté par une commission nommée par lui, mais dans laquelle figuraient, en 1842, les hommes les plus éminents du pays, le duc de Richemond, lord John Russel, le président de la Chambre des communes. Cette commission fait chaque année un rapport sur l'état de la prison, et ce rapport est mis sous les yeux du Parlement. Dans les comtés, les juges de paix prennent une part considérable à l'administration des prisons, et une grande publicité est donnée à tout ce qui s’y passe. On a vu, de plus, que chaque année le gouvernement anglais faisait imprimer et distribuer aux Chambres les volumineux rapports qui lui sont adressés par les inspecteurs généraux des prisons. Cette grande publicité, qui est utile dans tous les systèmes, est plus nécessaire dans le régime cellulaire que partout ailleurs. On doit ajouter que M. le préfet de police, qui dirige avec tant de zèle la prison de la Roquette, a institué près de cette maison une commission de surveillance, composée d’hommes très-considérables, et que dans tous ses rapports il reconnaît la grande utilité de cette institution.