En 1840, l’administration espérait pouvoir se borner à améliorer le système actuel de nos prisons.
Aujourd’hui, convaincue par son expérience qu’il faut renoncer à cet espoir, elle vous demande les moyens de procéder à une réforme plus profonde et plus efficace.
Il faut bien remarquer d’ailleurs qu’alors même que le soin de la sécurité et de la moralité publiques ne forcerait pas les Chambres à indiquer dès aujourd’hui celui des systèmes d’emprisonnement qu’elles jugent le meilleur, les besoins du service et les règles d’une bonne administration les contraindraient encore à faire, sans plus tarder, un pareil choix. Il ne s’agit pas seulement en effet de régir les prisons anciennes ; il faut savoir d’après quel plan on bâtira un grand nombre de prisons nouvelles, qu’en tout état de cause il est nécessaire de créer.
Si, comme semble le réclamer impérieusement l’opinion publique, les bagnes doivent cesser d’exister, il faut bien songer à élever les prisons qui devront contenir les sept mille forçats qui y sont aujourd’hui renfermés.
Il n’y a rien de plus contraire au bon ordre d’une prison que la réunion dans les mêmes murs de détenus des deux sexes, quelque disposition qu’on prenne pour séparer les deux établissements. Cet état de choses existe aujourd’hui dans cinq maisons centrales[1]. Tout le monde est d’accord qu’il faut le faire cesser. Il est un autre point sur lequel tous les hommes pratiques s’entendent : c’est qu’une prison, quel qu’en soit le régime, ne doit guère, pour pouvoir remplir son objet, dépasser en population cinq cents détenus. Au-dessus de ce chiffre, la surveillance devient très difficile et l’action du directeur sur chaque détenu à peu près nulle. Plusieurs de nos maisons centrales présentent une population double et quelquefois triple de ce chiffre normal[2]. À cet encombrement,