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sur le noir n’est pas, à vrai dire, entièrement abolie ; l’État en a seulement réglé et limité l’usage. Le nègre est toujours forcé de travailler sans salaire pour le compte du même homme qui l’a tenu en esclavage. L’aspect de la servitude est changé plutôt que détruit.

La commission, messieurs, a pensé que l’apprentissage pouvait être conçu dans un autre esprit et mis en pratique d’une autre manière qu’il ne l’a été par les Anglais.

Un plan a été produit dans son sein : le moment n’est pas venu de le discuter , mais elle doit du moins en faire connaître les traits principaux à la chambre.

Aussitôt après que l’esclavage serait aboli, toutes les anciennes relations entre les blancs et les noirs seraient substantiellement changées. Le lien qui existait entre l’un et l’autre serait entièrement détruit.

L’État seul deviendrait le tuteur de la population affranchie, et c’est lui qui concéderait suivant sa volonté, et à des conditions qu’il fixerait, les services des noirs aux colons : l’usage des moyens disciplinaires restant en ses mains.

Ce travail ne serait plus gratuit.

Il y a environ deux cent cinquante mille esclaves dans les colonies. Les deux tiers, ou cent soixante-six mille, à peu près, sont âgés de quatorze à soixante ans, c’est-à-dire capables d’efforts habituels et productifs.

Les documents qui ont été soumis et les renseignements recueillis permettent de croire qu’en n’exigeant pour le travail de ces cent soixante-six mille ouvriers qu’un salaire modéré, l’État pourrait, non-seulement couvrir l’intérêt de l’indemnité et faire un fonds pour l’amortissement de son capital, mais abandonner chaque jour une portion du salaire au travailleur.

Celui-ci aurait, en outre, pendant l’apprentissage, l’usage du samedi et la possession d’une quantité de terre suffisante pour se nourrir ; il vivrait à ces conditions avec aisance.

Quant aux enfants, le propriétaire continuerait à s’en charger moyennant un contrat d’apprentissage qui lui assurerait les services de celui-ci jusqu’à l’âge de vingt et un ans.

Il aurait aussi le soin des vieillards et de ceux des ouvriers qui seraient malades. Des règlements établiraient sur ce point des habitudes uniformes[1].

  1. Cette même obligation a été imposée aux maîtres par les règlements