portation présentera donc nécessairement une grande disproportion de nombre entre les deux sexes. En 1828, sur trente-six mille habitants que renfermait l’Australie, on ne comptait que huit mille femmes, ou moins du quart de la population totale. Or, on le conçoit sans peine, et l’expérience d’ailleurs le prouve, pour que les mœurs d’un peuple soient pures, il faut que les deux sexes s’y trouvent dans un rapport à peu près égal.
Mais ce ne sont pas seulement les infractions aux préceptes de la morale qui sont fréquentes en Australie ; on y commet encore plus de crimes contre les lois positives de la société que dans aucun pays du monde.
Le nombre annuel des exécutions à mort en Angleterre est d’environ 60, tandis que dans les colonies australiennes qui sont régies par la même législation, peuplées d’hommes appartenant à la même race, et qui n’ont encore que 40,000 habitants, on compte, dit-on, de 15 à 20 exécutions à mort chaque année[1].
Enfin de toutes les colonies anglaises, l’Australie est la seule qui soit privée de ces précieuses libertés civiles qui font la gloire de l’Angleterre et la force de ses enfants dans toutes les parties du monde. Comment confierait-on les fonctions de juré à des hommes qui sortent eux-mêmes des bancs de la cour d’assises ? Et peut-on sans danger remettre la direction des affaires publiques à une population tourmentée par ses vices et divisée par des inimitiés profondes ?
Il faut le reconnaître, la déportation peut concourir à peupler rapidement une terre déserte, elle peut former des colonies libres, mais non des sociétés fortes et paisibles. Les vices que nous enlevons ainsi à l’Europe ne sont pas détruits, ils ne sont que transplantés sur un autre sol, et l’Angleterre ne se décharge d’une partie de ses misères que pour les léguer à ses enfants des terres australes.
- ↑ Ce fait nous a été affirmé par une personne digne de foi qui a habité pendant plus de deux ans la Nouvelle-Galles du Sud.