Si l’on ajoute annuellement à cette somme l’intérêt de celles qui ont été dépensées pour fonder la colonie, si ensuite on fait entrer en ligne de compte l’accroissement progressif du nombre des criminels qui se font conduire en Australie, on sera amené à penser que l’économie qu’il est raisonnable d’attendre du système de la déportation se réduit en résumé à fort peu de chose, si même elle existe.
Au reste, nous reconnaîtrons volontiers que la question d’économie ne vient ici qu’en seconde ligne. La question principale est celle de savoir si, en définitive, le système de la déportation diminue le nombre des criminels. S’il en était ainsi, nous concevrions qu’une grande nation s’imposât un sacrifice d’argent dont le résultat serait d’assurer son bien être et son repos.
Mais l’exemple de l’Angleterre tend à prouver que, si la déportation fait disparaître les grands crimes, elle augmente sensiblement le nombre des coupables ordinaires, et qu’ainsi la diminution des récidives est plus que couverte par l’augmentation des premiers délits.
La peine de la déportation n’intimide personne, et elle enhardit plusieurs dans la voie du crime.
Pour éviter les frais immenses qu’entraîne la garde des détenus en Australie, l’Angleterre, comme nous venons de le voir, a rendu à la liberté le plus grand nombre, dès qu’ils ont mis le pied dans la colonie pénale.
Pour leur donner un avenir et les fixer sans retour par des liens moraux et durables, elle facilite de tout son pouvoir l’émigration de leur famille.
Après que la peine est subie, elle distribue des terres, afin que l’oisiveté et le vagabondage ne le ramènent pas au crime.
De cette combinaison d’efforts, il résulte quelquefois, il est vrai, que l’homme réprouvé par la métropole devient un citoyen utile et respecté dans la colonie ; mais on voit plus souvent encore celui que la crainte des châtiments aurait forcé