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DES COLONIES PÉNALES[1]


AVANT-PROPOS


Nous croyons devoir traiter avec quelques développements sur la question îles colonies pénales, parce que nous avons remarqué qu’en France l’opinion la plus répandue était favorable au système de la déportation. Un grand nombre de conseils-généraux se sont prononcés en faveur de cette peine, et des écrivains habiles en ont vanté les effets ; si l’opinion publique entrait plus avant encore dans cette voie et parvenait enfin à entraîner le gouvernement à sa suite, la France se trouverait engagée dans une entreprise dont les frais seraient immenses et le succès très-incertain.

Telle est du moins notre conviction, et c’est parce que nous sommes pénétrés nous-mêmes de ces dangers qu’on nous pardonnera de les signaler avec quelques détails. Le système de la déportation présente des avantages que nous devons reconnaître en commençant.

De toutes les peines, celle de la déportation est la seule qui, sans être cruelle, délivre cependant la société de la présence du coupable.

  1. Voyez sur l’origine de ce morceau les pages 56 et 57 de la préface mise en tête du tome Ier.