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nant à s’agiter, ne les divisent et ne les dispersent. Les Romains avaient trouvé un sable volcanique appelé pouzzolane qui remplissait parfaitement ce but, et c’est en s’en servant qu’ils ont bâti les môles que nous voyons encore. Les modernes ont continué à se servir de la pouzzolane naturelle l’obtenaient qu’à grands frais. On finit par découvrir sur quelques points de la France des chaux qui avaient, comme la pouzzolane, le double caractère de rendre les mortiers susceptibles de faire prise sous l’eau, et d’y durcir très-vite. On les nomma pour cette raison chaux hydrauliques. Mais comme on n’avait encore rencontré la chaux hydraulique que sur quelques points du royaume, il était d’ordinaire aussi difficile de se la procurer que la pouzzolane. Ce furent les savantes recherches de M, Vicat qui, vers le commencement de ce siècle, firent connaître que la chaux hydraulique pouvait s’obtenir presque partout, et apprirent la meilleure manière dont il fallait la traiter. On obtint ainsi aisément des maçonneries dont le mortier prenait en deux ou trois jours et qui bientôt acquéraient au fond de l’eau la solidité d’un vieux mur. On parvint de plus à fabriquer des matières dites vulgairement plâtres-ciment, dont la prise est si rapide et si énergique, que, pour les utiliser, il faut n’en employer qu’une très-petite quantité à la fois, parce qu’elles durcissent, pour ainsi dire, dans la main de l’ouvrier pendant qu’il s’en sert.

C’est aux découvertes de M. Vicat et de ceux qui l’ont suivi dans celle voie, qu’on doit le facile achèvement de la digue. Voici comment M. Fonques-Duparc comptait employer ces nouveaux moyens, et l’ensemble du plan qu’il proposa. On devait d’abord réparer les avaries que la digue sous-marine, abandonnée à elle-même, depuis 1789, pouvait avoir souffertes. Il fallait rehausser les parties qui s’étaient abaissées et égaliser le tout, demanière à ne présenter au niveau des basses mers qu’une surface plane et de même