cevoir une batterie, et, comme s’il eut pu violenter les éléments aussi bien que commander aux hommes, il décida que ce travail serait achevé en deux ans. M. Cachin, qui avait fait partie de la grande commission de 1792, fut placé par lui à la tête de cette grande entreprise, et il eut pour second M. Lamblardie fils.
Napoléon avait ordonné que le travail fût fait. Mais il n’avait pas indiqué quelle était la méthode qui pouvait permettre de l’accomplir, et nous allons voir que sa volonté, toute-puissante qu’elle était, vint se briser contre cet obstacle : son règne finit avant qu’on eût trouvé le moyen de réaliser sa pensée. Après avoir cru que le système des pierres perdues ne suffisait ta rien, on avait été jusqu’à croire qu’il répondait à tout. Mais on avait bientôt découvert que, s’il pouvait servir à former la digue sous-marine, il était fort insuffisant pour maintenir le sommet de celle-ci au niveau de l’eau, à plus forte raison pour l’élever au-dessus. L’agitation de la mer à la surface était si violente et si destructive, que les pierres non liées entre elles ne pouvaient point y résister ; bien que la digue fût immobile dans ses profondeurs, son sommet était donc perpétuellement labouré par les vagues qui l’exhaussaient quelquefois, et, le plus souvent, l’abaissaient de plusieurs pieds. La commission de 1792, avec une assurance qui n’eût convenu qu’à l’ignorance, mais dont devraient se garder toujours les hommes de mérite et de science, en présence des grands phénomènes de la nature, avait affirmé que l’action destructive de la mer sur la crête de la digue ne tenait qu’à la nature des matériaux qui formaient celle-ci. La digue était composée de pierres qui n’avaient pas généralement plus d’un cinquième de pied cube de grosseur. La commission de 1792 établit, par de longs raisonnements qu’on peut lire dans son rapport, qu’en donnant à ces pierres un volume beaucoup plus considérable, viugt à vingt-cinq pieds cubes, par exemple, on obtiendrait certainement une stabilité constante et absolue.