les quatre siècles de la domination de Rome ? On l’ignore absolument. La même obscurité enveloppe, du reste, jusqu’aux plus grandes villes du monde d’alors. Rome, en ôtant aux différents peuples leur existence individuelle, les a fait en quelque sorte disparaitre de la vue des contemporains, tandis qu’elle restait seule dans l’univers l’unique objet de la curiosité des hommes. A la chute de l’empire, Cherbourg suit obscurément la destinée du pays, et l’on arrive jusqu’au onzième siècle sans entendre, pour ainsi dire, parler de lui. On apprend alors qu’il est devenu une des villes les plus importantes du duché de Normandie. Voici à quelle occasion : Guillaume-le-Bâtard commençait son règne. Il était dans les intérêts de sa politique d’épouser la fille et l’héritière du comte de Flandre, Mathilde ; mais cette princesse était sa cousine-germaine, c’est-à-dire qu’elle ne pouvait
maritimes de la France. On le fera voir dans le courant de ce petit écrit.
Le port de Cherbourg a ainsi acquis, de nos jours, une valeur nationale
bien plus grande qu’il n’avait été possible à Louis XIV, à Louis XVI et
à Napoléon lui-même de le prévoir.
L’auteur de la notice qu’on va lire s’est souvent étonné de ce qu’une
vérité si évidente ne fût pas plus généralement reconnue. Cette sorte de
tiédeur de l’opinion publique lui a paru venir principalement de ce que
Cherbourg, encore inachevé, al placé à l’une des extrémités les moins
fréquentées de la France. Ce grand monument n’est pas estimé à son
véritable prix, parce qu’on le connaît mal, et que l’expérience n’a point
encore fait sentir à tous sa valeur.
Le but qu’on s’est proposé dans cette courte notice est de le mieux
faire connaître. L’auteur a entrepris de montrer, sans rien exagérer, et
en ne s’aidant que de la seule force de la vérité exacte et nue, ce qu’on
avait voulu faire à Cherbourg, ce qu’on avait fait, ce qui restait à faire ;
de peindre les revers, les succès, les vicissitudes diverses à travers lesquels
cette. singulière entreprise avait été conduite ; et de faire voir enfin ce
que la France est en droit d’attendre de tant d’efforts.
Quoique cet écrit ne soit pas long, il est cependant le fruit d’un grand
labeur. L’auteur a dû non-seulemeul lire les documents fort intéressants
qui ont déjà été publiés sur la même matière ; mais, comme le principal
mérite qu’on doit se proposer ici est la parfaite exactitude des détails, il
a dû étudier toutes les pièces manuscrites qui, soit à Paris, soit à Cherbourg,
pouvaient jeter des lumières sur son sujet.