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L’orgueil fait tellement le fond du cœur de l’homme, qu’on le retrouve dans les choses qui l’annoncent le moins. Ainsi notre admiration excessive pour un autre vient souvent du profond étonnement que nous éprouvons de trouver en lui ce que nous ne trouvons pas en nous-mêmes.


La vertu sait se plier à l’ordre des choses et des événements que lui montre la raison. L’honneur est souvent plus inflexible, parce qu’il agit d’après un modèle de convention tout fait et auquel il ne peut rien changer.

L’honneur en sortant du ciel, son premier asile, était la simple vertu. Les hommes l’ont tellement emprisonné dans leurs préjugés, leurs passions et leurs petitesses, que souvent on méconnaît sa noble origine ; mais il montre d’où il vient à la vue d’une belle action : comme le coursier arabe hennit sous son harnais en sentant le vent du désert.

On pourrait comparer la vie à une pierre qu’on jette du haut d’une tour, et qui va plus vite à mesure qu’elle va plus longtemps.


Après la découverte de la pierre philosophale, ce qu’il y a de plus difficile à trouver c’est un homme sachant toujours les raisons qui le font agir.