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CHAPITRE IX


ÉDUCATION DES JEUNES FILLES AUX ÉTATS-UNIS.


Il n’y a jamais eu de sociétés libres sans mœurs, et, ainsi que je l’ai dit dans la première partie de cet ouvrage, c’est la femme qui fait les mœurs. Tout ce qui influe sur la condition des femmes, sur leurs habitudes et leurs opinions, a donc un grand intérêt politique à mes yeux.

Chez presque toutes les nations protestantes, les jeunes filles sont infiniment plus maîtresses de leurs actions que chez les peuples catholiques.

Cette indépendance est encore plus grande dans les pays protestants qui, ainsi que l’Angleterre, ont conservé ou acquis le droit de se gouverner eux-mêmes. La liberté pénètre alors dans la famille par les habitudes politiques et par les croyances religieuses.

Aux États-Unis, les doctrines du protestantisme viennent se combiner avec une constitution très-libre et un état social très-démocratique ; et nulle part la jeune fille n’est plus promptement ni plus complétement livrée à elle-même.