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CHAPITRE II


COMMENT LA DÉMOCRATIE REND LES RAPPORTS HABITUELS DES AMÉRICAINS PLUS SIMPLES ET PLUS AISÉS.


La démocratie n’attache point fortement les hommes les uns aux autres ; mais elle rend leurs rapports habituels plus aisés.

Deux Anglais se rencontrent par hasard aux antipodes ; ils sont entourés d’étrangers dont ils connaissent à peine la langue et les mœurs.

Ces deux hommes se considèrent d’abord fort curieusement et avec une sorte d’inquiétude secrète ; puis ils se détournent, ou, s’ils s’abordent, ils ont soin de ne se parler que d’un air contraint et distrait, et de dire des choses peu importantes.

Cependant il n’existe entre eux aucune inimitié ; ils ne se sont jamais vus, et se tiennent réciproquement pour fort honnêtes. Pourquoi mettent-ils donc tant de soin à s’éviter ?

Il faut retourner en Angleterre pour le comprendre.

Lorsque c’est la naissance seule, indépendamment de