Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les gouvernements provinciaux à nous éclairer sur ce point ; et ces gouvernements voulussent-ils eux-mêmes nous prêter simultanément leur concours, je doute qu’ils fussent en état de nous satisfaire. Indépendamment de la difficulté naturelle de l’entreprise, l’organisation politique du pays s’opposerait encore au succès de leurs efforts. Les magistrats de la commune et du comté ne sont point nommés par les administrateurs de l’État, et ne dépendent point de ceux-ci. Il est donc permis de croire que si l’État voulait obtenir les renseignements qui nous sont nécessaires, il rencontrerait de grands obstacles dans la négligence des fonctionnaires inférieurs dont il serait obligé de se servir[1].

    peut-être de nature à mériter la curiosité du lecteur. Je dois à l’obligeance de M. Richards, ancien maire de Philadelphie, les budgets de treize comtés de la Pennsylvanie pour l’année de 1830, ce sont ceux de Libanon, Centre, Franklin, La Fayette, Montgomery, La Luzerne, Dauphin, Butler, Alleghany, Columbia, Northumberland, Northampton, Philadelphie. Il s’y trouvait, en 1830, 495;207 habitants. Si l’on jette les yeux sur une carte de la Pennsylvanie, on verra que ces treize comtés sont dispersés dans toutes les directions et soumis à toutes les causes générales qui peuvent influer sur l’état du pays ; de telle sorte qu’il serait impossible de dire pourquoi ils ne fourniraient pas une idée exacte de l’état financier des comtés de la Pennsylvanie. Or, ces mêmes comtés ont dépensé, pendant l’année 1830, 1,800,221 francs, ce qui donne 3 fr. 64 cent. par habitant. J’ai calculé que chacun de ces mêmes habitants, durant l’année 1830, avait consacré aux besoins de l’Union fédérale 12 fr. 70 cents., et 3 fr. 80 cent. à ceux de la Pennsylvanie ; d’où il résulte que dans l’année 1830 ces mêmes citoyens ont donné à la société, pour subvenir à toutes les dépenses publiques (excepté les dépenses communales), la somme de 20 fr. 14 cent. Ce résultat est doublement incomplet, comme on le voit, puisqu’il ne s’applique qu’à une seule année et à une partie des charges publiques, mais il a le mérite d’être certain.

  1. Ceux qui ont voulu établir un parallèle entre les dépenses des Américains et les nôtres ont bien senti qu’il était impossible de comparer le