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de mes recherches je n’ai pas rendu ma tâche plus aisée.

Je ne doute point que l’administration centrale de France, aidée de tous les fonctionnaires dont elle dispose, ne parvint a découvrir exactement le montant des taxes directes ou indirectes qui pèsent sur les citoyens. Mais ces travaux, qu’un particulier ne peut entreprendre, le gouvernement français lui-même ne les a point encore achevés, ou du moins il n’a pas fait connaître leurs résultats. Nous savons quelles sont les charges de l’État ; le total des dépenses départementales nous est connu ; nous ignorons ce qui se passe dans les communes : nul ne saurait donc dire, quant à présent, à quelle somme s’élèvent les dépenses publiques en France.

Si je retourne maintenant à l’Amérique, j’aperçois les difficultés qui deviennent plus nombreuses et plus insurmontables. L’Union me fait connaître avec exactitude quel est le montant de ses charges ; je puis me procurer les budgets particuliers des vingt-quatre États dont elle se compose ; mais qui m’apprendra ce que dépensent les citoyens pour l’administration du comté et de la commune[1] ?

L’autorité fédérale ne peut s’étendre jusqu’à obliger

  1. Les Américains comme on le voit, ont quatre espèces de budgets : l’Union a le sien ; les États, les comtés et les communes ont égaiement le leur. Pendant mon séjour en Amérique, j’ai fait de grandes recherches pour connaître le montant des dépenses publiques dans les communes et dans les comtés des principaux États de l’Union. J’ai pu facilement obtenir le budget des plus grandes communes, mais il m’a été impossible de me procurer celui des petites. Je ne puis donc me former aucune idée exacte des dépenses communales. Pour ce qui concerne les dépenses des comtés, je possède quelques documents qui, bien qu’incomplets, sont