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vables que possède une nation et leur valeur naturelle ou acquise. Il est plus difficile encore d’estimer tous les biens mobiliers dont un peuple dispose. Ceux-là échappent, par leur diversité et par leur nombre, à presque tous les efforts de l’analyse.

Aussi voyons-nous que les nations les plus anciennement civilisées de l’Europe, celles mêmes chez lesquelles l’administration est centralisée, n’ont point établi jusqu’à présent d’une manière précise l’état de leur fortune.

En Amérique, on n’a pas même conçu l’idée de le tenter. Et comment pourrait-on se flatter d’y réussir dans ce pays nouveau où la société n’a pas encore pris une assiette tranquille et définitive, où le gouvernement national ne trouve pas à sa disposition, comme le nôtre, une multitude d’agents dont il puisse commander et diriger simultanément les efforts ; où la statistique enfin n’est point cultivée, parce qu’il ne s’y rencontre personne qui ait la faculté de réunir des documents ou le temps de les parcourir ?

Ainsi donc les éléments constitutifs de nos calculs ne sauraient être obtenus. Nous ignorons la fortune comparative de la France et de l’Union. La richesse de l’une n’est pas encore connue, et les moyens d’établir celle de l’autre n’existent point.

Mais je veux bien consentir, pour un moment, à écarter ce terme nécessaire de la comparaison ; je renonce a savoir quel est le rapport de l’impôt au revenu, et je me borne à vouloir établir quel est l’impôt.

Le lecteur va reconnaître qu’en rétrécissant le cercle