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peut-on comparer les dépenses publiques des états-unis à celles de france .

Deux points à établir pour apprécier l’étendue des charges publiques : la richesse nationale et l’impôt. — On ne connaît pas exactement la fortune et les charges de la France. — Pourquoi on ne peut espérer de connaître la fortune et les charges de l’Union. — Recherches de l’auteur pour apprendre le montant des impôts dans la Pennsylvanie. — Signes généraux auxquels on peut reconnaître l’étendue des charges d’un peuple. — Résultat de cet examen pour l’Union.

On s’est beaucoup occupé dans ces derniers temps à comparer les dépenses publiques des États-Unis aux nôtres. Tous ces travaux ont été sans résultats, et peu de mots suffiront, je crois, pour prouver qu’ils devaient l’être.

Afin de pouvoir apprécier l’étendue des charges publiques chez un peuple, deux opérations sont nécessaires : il faut d’abord apprendre quelle est la richesse de ce peuple, et ensuite quelle portion de cette richesse il consacre aux dépenses de l’État. Celui qui rechercherait le montant des taxes sans montrer l’étendue des ressources qui doivent y pourvoir, se livrerait à un travail improductif ; car ce n’est pas la dépense, mais le rapport de la dépense au revenu qu’il est intéressant de connaître.

Le même impôt que supporte aisément un contribuable riche achèvera de réduire un pauvre à la misère.

La richesse des peuples se compose de plusieurs éléments : les fonds immobiliers forment le premier, les biens mobiliers constituent le second.

Il est difficile de connaître l’étendue des terres culti-