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viendront un jour la première puissance maritime du globe. Ils sont pousses a s’emparer des mers, comme les Romains à conquérir le monde.

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CONCLUSION


Voici que j’approche du terme. Jusqu’à présent, en parlant de la destinée future des États-Unis, je me suis efforcé de diviser mon sujet en diverses parties, afin d’étudier avec plus de soin chacune d’elles.

Je voudrais maintenant les réunir toutes dans un seul point de vue. Ce que je dirai sera moins détaillé, mais plus sûr. J’apercevrai moins distinctement chaque objet ; j’embrasserai avec plus de certitude les faits généraux. Je serai comme le voyageur qui, en sortant des murs d’une vaste cité, gravit la colline prochaine. À mesure qu’il s’éloigne, les hommes qu’il vient de quitter disparaissent à ses yeux ; leurs demeures se confondent ; il ne voit plus les places publiques ; il discerne avec peine la trace des rues ; mais son œil suit plus aisément les contours de la ville, et pour la première fois, il en saisit la forme. Il me semble que je découvre de même devant moi l’avenir entier de la race anglaise dans le nouveau monde. Les détails de cet immense tableau sont restés dans l’ombre ; mais mon regard en comprend l’ensemble, et je conçois une idée claire du tout.