Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/407

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du pouvoir dans les mains du Président et du Congrès. Je prétends qu’on y remarque visiblement un mouvement contraire. Loin que le gouvernement fédéral, en vieillissant, prenne de la force et menace la souveraineté des États, je dis qu’il tend chaque jour à s’affaiblir, et que la souveraineté seule de l’Union est en péril. Voilà ce que le présent révèle. Quel sera le résultat final de cette tendance, quels événements peuvent arrêter, retarder ou hâter le mouvement que j’ai décrit ? L’avenir les cache, et je n’ai pas la prétention de pouvoir soulever son voile.

______


des institutions républicaines aux états-unis, quelles sont leurs chances de durée ?

L’Union n’est qu’un accident. — Les institutions républicaines ont plus d’avenir. — La république est, quant à présent, l’état naturel des Anglo-Américains. — Pourquoi. — Afin de la détruire il faudrait changer en même temps toutes les lois et modifier toutes les mœurs. — Difficultés que trouvent les Américains à créer une aristocratie.

Le démembrement de l’Union, en introduisant la guerre au sein des États aujourd’hui confédérés, et avec elle les armées permanentes, la dictature et les impôts, pourrait à la longue y compromettre le sort des institutions républicaines.

Il ne faut pas confondre cependant l’avenir de la république et celui de l’Union.

L’Union est un accident qui ne durera qu’autant que les circonstances le favoriseront, mais la république me semble l’état naturel des Américains ; et il n’y a