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des États-Unis soient précisément les mêmes individus qui, sur d’autres points, attaquent le gouvernement fédéral ; mais je dis que les attaques contre la Banque des États-Unis sont le produit des mêmes instincts qui militent contre le gouvernement fédéral, et que le grand nombre des ennemis de la première est un symptôme fâcheux de l’affaiblissement du second.

Mais jamais l’Union ne se montra plus débile que dans la fameuse affaire du tarif[1].

Les guerres de la Révolution française et celle de 1812, en empêchant la libre communication entre l’Amérique et l’Europe, avaient créé des manufactures au nord de l’Union. Lorsque la paix eut rouvert aux produits de l’Europe le chemin du nouveau monde, les Américains crurent devoir établir un système de douanes qui pût tout à la fois protéger leur industrie naissante et acquitter le montant des dettes que la guerre leur avait fait contracter.

Les États du Sud, qui n’ont pas de manufactures à encourager, et qui ne sont que cultivateurs, ne tardèrent pas à se plaindre de cette mesure.

Je ne prétends point examiner ici ce qu’il pouvait y avoir d’imaginaire ou de réel dans leurs plaintes, je dis les faits.

Dès l’année 1820, la Caroline du Sud, dans une pétition au Congrès, déclarait que la loi du tarif était inconstitutionnelle, oppressive et injuste. Depuis, la Géorgie,

  1. Voyez principalement, pour les détails de cette affaire, les Documents législatifs, 22e congrès, 2e  session, No 30