sans savoir pourquoi, ou ne saura pas précisément ce qu’il faut croire.
Quant à cette autre espèce de conviction réfléchie et maîtresse d’elle-même qui naît de la science et s’élève du milieu même des agitations du doute, il ne sera jamais donné qu’aux efforts d’un très petit nombre d’hommes de l’atteindre.
Or, on a remarqué que, dans les siècles de ferveur religieuse, les hommes changeaient quelquefois de croyance ; tandis que dans les siècles de doute, chacun gardait obstinément la sienne. Il en arrive ainsi dans la politique, sous le règne de la liberté de la presse. Toutes les théories sociales ayant été contestées et combattues tour à tour, ceux qui se sont fixés à l’une d’elles la gardent, non pas tant parce qu’ils sont sûrs qu’elle est bonne, que parce qu’ils ne sont Pas sûrs qu’il y en ait une meilleure.
Dans ces siècles, on ne se fait pas tuer si aisément pour ses opinions ; mais on ne les change point, et il s’y rencontre, tout à la fois, moins de martyrs et d’apostats.
Ajoutez à cette raison cette autre plus puissante encore : dans le doute des opinions, les hommes finissent par s’attacher uniquement aux instincts et aux intérêts matériels, qui sont bien plus visibles, plus saisissables et plus permanents de leur nature que les opinions.
C’est une question très difficile à décider que celle de savoir qui gouverne le mieux, de la démocratie, ou de