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cial réclame son droit avec hardiesse et prend des mesures promptes et énergiques pour le soutenir. Pendant ce temps le gouvernement de l’Union raisonne ; il en appelle au bon sens de la nation, à ses intérêts, à sa gloire ; il temporise, il négocie ; ce n’est que réduit à la dernière extrémité qu’il se détermine enfin à agir. Au premier abord, on pourrait croire que c’est le gouvernement provincial qui est armé des forces de toute la nation, et que le Congrès représente un État.

Le gouvernement fédéral, en dépit des efforts de ceux qui l’ont constitué, est donc, comme je l’ai déjà dit ailleurs, par sa nature même, un gouvernement faible qui, plus que tout autre, a besoin du libre concours des gouvernés pour subsister.

Il est aisé de voir que son objet est de réaliser avec facilité la volonté qu’ont les États de rester unis. Cette première condition remplie, il est sage, fort et agile. On l’a organisé de manière à ne rencontrer habituellement devant lui que des individus et à vaincre aisément les résistances qu’on voudrait opposer à la volonté commune ; mais le gouvernement fédéral n’a pas été établi dans la prévision que les États ou plusieurs d’entre eux cesseraient de vouloir être unis.

Si la souveraineté de l’Union entrait aujourd’hui en lutte avec celle des États, on peut aisément prévoir qu’elle succomberait ; je doute même que le combat s’engageât jamais d’une manière sérieuse. Toutes les fois qu’on opposera une résistance opiniâtre au gouvernement fédéral, on le verra céder. L’expérience a prouvé