La culture du tabac, du coton et surtout de la canne a sucre exige, au contraire, des soins continuels. On peut y employer des femmes et des enfants qu’on ne pourrait point utiliser dans la culture du blé. Ainsi, l’esclavage est naturellement plus approprié au pays d’où l’on tire les produits que je viens de nommer.
Le tabac, le coton, la canne ne croissent qu’au Sud ; ils y forment les sources principales de la richesse du pays. En détruisant l’esclavage, les hommes du Sud se trouveraient dans l’une de ces deux alternatives : ou ils seraient obligés de changer leur système de culture, et alors ils entreraient en concurrence avec les hommes du Nord, plus actifs et plus expérimentés qu’eux ; ou ils cultiveraient les mêmes produits sans esclaves, et alors ils auraient à supporter la concurrence des autres États du Sud qui les auraient conservés.
Ainsi le Sud a des raisons particulières de garder l’esclavage, que n’a point le Nord.
Mais voici un autre motif plus puissant que tous les autres. Le Sud pourrait bien, à la rigueur, abolir la servitude ; mais comment se délivrerait-il des noirs ? Au Nord, on chasse en même temps l’esclavage et les esclaves. Au Sud, on ne peut espérer d’atteindre en même temps ce double résultat.
En prouvant que la servitude était plus naturelle et plus avantageuse au Sud qu’au Nord, j’ai suffisamment indiqué que le nombre des esclaves devait y être beaucoup plus grand. C’est dans le Sud qu’ont été amenés les premiers Africains ; c’est là qu’ils sont toujours arri-