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de la manière dont la démocratie américaine conduit les affaires extérieures de l’état.

Direction donnée à la politique extérieure des États-Unis par Washington et Jefferson. — Presque tous les défauts naturels de la démocratie se font sentir dans la direction des affaires extérieures, et ses qualités y sont peu sensibles.

Nous avons vu que la Constitution fédérale mettait la direction permanente des intérêts extérieurs de la nation dans les mains du président et du Sénat[1], ce qui place jusqu’à un certain point la politique générale de l’Union hors de l’influence directe et journalière du peuple. On ne peut donc pas dire d’une manière absolue que ce soit la démocratie qui, en Amérique, conduise les affaires extérieures de l’État.

Il y a deux hommes qui ont imprimé à la politique des Américains une direction qu’on suit encore de nos jours ; le premier est Washington, et Jefferson est le second.

Washington disait, dans cette admirable lettre adressée à ses concitoyens, et qui forme comme le testament politique de ce grand homme :

« Étendre nos relations commerciales avec les peuples étrangers, et établir aussi peu de liens politiques que possible entre eux et nous, telle doit être la règle

  1. « Le président, dit la Constitution, art. ii, Sect. 2, § 2, fera les traités de l’avis et avec le consentement du Sénat. » Le lecteur ne doit pas perdre de vue que le mandat des sénateurs dure six ans, et qu’étant choisis par les législateurs de chaque État, ils sont le produit d’une élection à deux degrés.